Sortie du livre : « Derrière vos portes, Coulisses d’un service d’aide à domicile »

Voilà, c’est fait. Un projet qui a démarré il y a presque 6 ans, une histoire que j’ai écrite déjà 4 fois. Un blog, ça ne suffisait pas pour vous raconter notre quotidien. Enfin notre quotidien de 2007 (année d’ouverture de LogiVitae) à 2012, où je faisais moi aussi visites, rencontres et recrutements… ce qui rend ce secteur passionnant !

Dans les premières versions de ce récit, le ton était beaucoup plus littéraire, conventionnel, mais ça manquait de dynamisme (mon copain Vincent m’a même dit que c’était chiant, il m’a dit « écris comme tu es dans la vie »). Alors j’ai tout réécrit « comme je raconte de vive voix » ; ça peut surprendre mais c’est beaucoup plus vivant comme ça (c’est du moins ce qu’affirme ma copine Isa).

Je me suis beaucoup amusée, parfois même délectée à raconter les situations, à croquer certains personnages. Je me suis appliquée à y mettre de la fantaisie et un peu de poésie aussi. Pour que ce soit drôle j’ai forcé les traits de chacun, les miens comme ceux des autres, alors on y est tous la caricature de nous-mêmes.

Ecrire, j’ai adoré. J’aurai pu écrire comme ça encore des années. Pour tout vous dire, maintenant que le livre est édité, que je ne peux plus rien changer, que tout m’échappe, je suis inquiète. Ce n’est pas tant la critique que je redoute mais le regard que l’on posera sur ma démarche. En même temps c’est exactement le livre que je voulais écrire alors il n’y a rien à regretter !

Ce récit « c’est du tout mélangé » : y a l’histoire de toutes ces personnes que nous accompagnons (enfin toutes celles qui malgré le temps me sont restées en mémoire et que j’ai su raconter), l’histoire des personnes qui composent mon équipe et puis la mienne.

J’y ai mis beaucoup de perso, parce qu’on n’est jamais neutre (enfin moi je ne le suis jamais) : accompagner parents et grands-parents des autres renvoie à sa propre histoire, à

ses propres liens avec les siens, avec les autres. Du coup les miens sont présents tout le temps, durant tout le récit. Impossible pour moi de dissocier le pro et le perso et pas seulement dans le livre…

Ecrire c’est aussi une façon d’exorciser mes peurs, partager avec tous mes inquiétudes, mon impuissance, m’en justifier parfois. Je dois reconnaître que le temps que j’y ai passé fut un peu (beaucoup) thérapeutique.

Et puis, surtout surtout, je ne voulais pas écrire un guide pratique (même si l’on y puise de nombreuses informations), ou un ouvrage théorique sur le soutien à domicile. Impossible pour moi de partir de la réalité pour la conceptualiser. Serge Guerin le fait très bien, mon livre sera peut-être matière pour lui. En tout cas il m’a encouragée à poursuivre sans rien changer (merci Serge).

J’avais envie d’autre chose, un besoin viscéral de partager la vie, l’animation d’un service d’aide sans filtre. Le quotidien de chacun et pas d’autre moyen pour moi que de le peindre avec mes propres émotions. Un récit qui se lit facilement (je l’espère), qui vous fait partager la vie de gens et de mon équipe. Un truc qui accroche même si on se fout du grand âge, du maintien à domicile, on est capté par l’histoire et on se laisse embarquer dans notre quotidien… c’est du moins ça que j’ai essayé de faire. Yves Michalon et son équipe y ont cru et le livre parait…

Voilà j’espère que vous aurez autant de plaisir à me lire que j’ai eu de plaisir à écrire.

Dafna

Ci-joint le lien pour vous procurer le livre: https://www.amazon.fr/Aupres-Vous-Chroniques-Service-Domicile/dp/2841868826 mais vous le trouverez également dans toutes les bonnes librairies.

« Client » « bénéficiaire  » ou « usager » Juste pour en finir avec la sémantique…

« Client », voilà un mot souvent controversé, d’autres fois, plébiscité. En fait le problème des mots, c’est que leur sens dépend aussi de la bouche de qui ils sortent.

Quand une personne accompagnée ou sa famille se revendique « Client », c’est rarement pour nous faire des compliments. Ils rappellent ainsi avec force que nous sommes « payés pour… ». C’est vrai, mais en équilibre entre mission de service public, prestation de service et moyens restreints, il ne nous est pas toujours possible de répondre aux attentes de chacun. « Client » semble réduire nos services à n’être que des vendeurs d’heures…

Mais lorsque « Client » est utilisé par mes amis du Synerpa Domicile, j’y entends : réactivité du secteur privé au service de l’action sociale, qualité du service rendu, rigueur et modernité. J’y comprends efficience, exigence, efficacité. Et au fond, peu importe le mot qu’ils emploient, nous sommes en phase : nous devons effectivement tout cela aux personnes qui nous sont confiées.

Pourtant « Client » induit aussi « consommateur averti », or la maladie, la perte d’autonomie, l’isolement qu’elle entraine parfois, rendent les personnes accompagnées extrêmement fragiles, vulnérables. .

Mais les mots « bénéficiaire » ou « usager » ne conviennent pas davantage, même si je les utilise de temps en temps, faute de mieux. Pour le coup, dans la bouche de nos vieux dinosaures, ils peuvent induire : « Ce n’est pas vous qui réglez alors pas d’exigence ! » ou « comment des décennies de monopole » ont fait perdre de vue à quelques-uns (pas tous) efficience et qualité. Pour quoi faire lorsque le public est captif et le financement assuré par les conseils départementaux. Je caricature mais pas tant que ça.

Pourtant lorsque nos missions sont financées par l’effort collectif, il me semble que nous nous devons, plus encore que lorsque la personne s’acquitte seule de nos factures, faire au mieux avec les moyens donnés. Quelle chance d’être en France : nos politiques sociales peuvent être jugées insuffisantes, imparfaites, on peut toujours les améliorer, et même si « on fait souvent ce qu’on peut avec 3 bouts de ficelle », peu de pays proposent ainsi autant de solidarité. L’effort que fait la collectivité pour financer le soutien à domicile qu’entraine la perte d’autonomie dans le contexte économique actuel nous oblige à la qualité de service qu’induit le mot client et qu’oblige un secteur de moins en moins administré et c’est tant mieux !

Comme « patientèle » désigne « les clients » du médecin, ou « résident » celui des EHPAD, il y aurait un mot à inventer pour désigner les personnes que nous accompagnons. En attendant, il faudra être vigilants quant à la bouche qui les emploie, pour comprendre le sens des mots qui en sortent…

Dafna

 

LogiVitae s’offre un blog !

Logivitae

Grande première, LogiVitae, pour ses 10 ans s’offre un blog ! Nous voilà dotés d’un carnet de bord rien qu’à nous, que nous pouvons partager avec tous. Quelle formidable liberté d’expression. Nous y raconterons nos humeurs, nos convictions, nos doutes aussi.
Nous essayerons de présenter régulièrement les personnes avec qui nous travaillons : portraits de gens formidables (il y en a beaucoup !) ; nous vous raconterons les situations auxquelles nous sommes confrontés, le sens que nous mettons au quotidien dans notre travail. Nous parlerons innovations, nouveaux dispositifs, coopérations interservices, ESS. Nous vous y raconterons nos rencontres, les manifestations auxquelles nous participons… Bref, tout ce qui fait que notre secteur est passionnant, plein de sens et d’humanisme.
Pour un premier papier, pas facile de parvenir à écrire quelque chose à la hauteur de l’enthousiasme que cela suscite. Peut-être commencer par la sémantique, les mots qui heurtent tant cela ne cadre pas. Il n’y a pas très longtemps quelqu’un m’a dit « Logivitae, c’est deux points de vente ? » (Nous avons deux agences sur Paris). Je n’ai pas compris tout de suite de quoi elle parlait. Depuis j’entends « point de vente » souvent dans la bouche de professionnels du secteur. Quelle vision réductrice et inappropriée de ce que nous y faisons. Moi qui conçois les services d’aide à domicile comme lieu d’information, d’orientation, de mise en relation, un lieu d’aide et d’accompagnement au service de la population surtout. Moi qui pense que nous sommes un service d’action sociale locale spécialiste du grand âge, œuvrant de toute notre énergie au côté des pouvoirs publics à résorber/minimiser/contenir les inégalités sociales qu’engendre la perte d’autonomie : faire en sorte qu’il n’y ait pas un accompagnement à deux vitesses l’un pour ceux qui ont les moyens d’un service de qualité et les autres : un point de vente ?!
Nous et beaucoup d’autres comme nous, qui travaillons à la professionnalisation du secteur, à la valorisation des salariés, qui tenons à les accompagner, à surmonter toutes sortes difficultés. Refuser toutes formes de précarité, ne pas s’y faire, ne pas baisser les bras, ne pas se résigner, car comment prendre soin si soi-même on ne va pas bien ? On ne prétend pas y arriver mais on y travaille fort chaque jour.
Alors c’est vrai nous ne sommes pas bénévoles, si nous l’étions comment assurer de telles missions à temps plein ? Nous sommes rémunérés pour une partie de notre travail en l’occurrence les heures que les auxiliaires effectuent à domicile (je dis une partie car le travail social que nous menons lui, ne l’est pas). Nous ne sommes pas des points de vente ; si nous l’étions des agences d’intérim suffiraient à faire notre boulot. Nous sommes des lieux ressources, source de solution, lieu de solidarité et de bienveillance. Le secteur de l’aide à domicile ne doit plus perdre d’argent, il peut même devenir/être une activité lucrative mais nous ne pouvons être réduits un simple Business : l’action sociale doit rester notre ADN.
Voilà, on m’a dit : « Dafna, dans un blog, les posts doivent être courts alors je vous dirai une autre fois ce que l’on pense du mot « Client ».
A très bientôt,
Dafna